mercredi 21 août 2024

Oui, il est permis de critiquer des leaders autochtones

 La surveillance par les médias des personnes en autorité est une base de la démocratie

On doit pouvoir constater que les milliards alloués servent véritablement pour l’eau potable ou les écoles et non à payer la camionnette de luxe au grand chef.

Charles Adler est un fils de réfugié hongrois qui a fait une carrière d’animateur radio au Canada, surtout dans l’Ouest. La semaine dernière, il a été nommé sénateur. Des groupes réclament l’annulation de sa nomination parce qu’il a critiqué des leaders autochtones et leur gestion des réserves. 

L’Assemblée des Premières Nations du Manitoba dénonce des propos tenus il y a 25 ans qui selon eux devraient disqualifier Adler pour un poste au Sénat canadien. C’est vrai qu’il n’avait pas été tendre à l’époque. Une question est soulevée: est-ce interdit de critiquer des personnes en poste d’autorité lorsqu’elles sont issues d’une minorité? Il ne faut pas.

L’extension qu’on semble faire, c’est que si un animateur critique les leaders, c’est qu’il est contre les peuples autochtones, donc peut-être raciste. Attention! Critiquer le chef d’une communauté autochtone peut au contraire rendre service à ses commettants. Si l’argent est mal dépensé, si les services ne sont pas rendus, si le chef passe ses intérêts personnels devant les intérêts de sa population, cela doit être mis en lumière.

Même chose si une faute est commise par le président d’une association représentant les Arabes, les Noirs, les personnes handicapées ou tout autres minorités, on ne peut pas s’éviter de critiquer. Si un animateur attaque les actions du dirigeant d’une organisation représentant des Noirs, il ne devient pas raciste.

De la même manière que lorsqu’on critique un maire, on ne méprise pas la population de sa ville. Au contraire, on la défend, on l’informe, on met de la pression pour une meilleure gestion. 

Transparence financière

La surveillance du travail de tout dirigeant est un fondement démocratique. À ce chapitre, Stephen Harper avait eu raison d’imposer une loi sur la transparence financière des Premières Nations. Les leaders autochtones avaient dénoncé.

La transparence est toujours de mise lorsque des milliards de l’argent public sont octroyés. On doit pouvoir constater que les milliards alloués servent véritablement pour l’eau potable ou les écoles et non à payer la camionnette de luxe au grand chef. Justin Trudeau a eu tort de traiter cette loi comme un affront aux Premières Nations. 

Nomination au Sénat

On peut bien rire un peu du processus de nomination au Sénat du Canada. Même avec les ajouts cosmétiques récents, la prérogative demeure largement celle du premier ministre.

Dans le cas de l’animateur Charles Adler, il est connu comme un conservateur. Vous pourriez vous étonner que Justin Trudeau ait retenu sa candidature... Oh! Il s’agit d’un conservateur qui n’aime pas Pierre Poilievre! Voilà qui offre une belle occasion aux libéraux de faire un pied de nez à l’adversaire tout en montrant qu’ils ne nomment pas seulement des rouges.

Outre le processus, Charles Adler est un homme honorable, dûment nommé. Dans sa carrière, il a critiqué des dirigeants de gouvernements, d’organismes publics, d’entreprises, de municipalités. Sa destitution enverrait le terrible message que certains dirigeants sont au-dessus de tout, libres de toute surveillance, parce qu’ils sont issus d’une minorité. 

Mario Dumont



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