vendredi 30 août 2024

Le civisme s'apprend dès le jeune âge à la maison pour se développer à l'école......

 Quand l’incivilité triomphe, il est urgent d’agir

Les ailes jeunesse des partis politiques servent fort heureusement à brasser la cage. Pour la Commission de la Relève de la CAQ, c’est réussi. À une semaine de son congrès, elle prône l’instauration d’une vraie «culture du civisme» dans les écoles publiques. Bravo!

Notamment, par le vouvoiement des enseignants et du personnel. La responsabilisation des élèves intimidateurs ou violents par des formations obligatoires pour eux et leurs parents. La participation aux tâches d’entretien de leur école. Etc.

Le but? Refaire des écoles un lieu d’apprentissage sécuritaire et respectueux tout en «produisant» de futurs adultes conscients de l’importance vitale en société du respect de soi et des autres. Un beau rêve, quoi.

Il serait pourtant réalisable si le ministère de l’Éducation s’y mettait. Depuis des années, j’ai d’ailleurs moi-même signé plusieurs chroniques sur la montée inquiétante de l’incivilité et de l’éducation comme antidote.

Ce manque d’une courtoisie élémentaire, on le voit en fait partout. Sur les routes. Dans les transports. Les écoles. Les commerces. Jusque dans le réseau de santé, il arrive même que du personnel soit irrespectueux.

Il faut agir parce que l’incivilité est avant tout la face visible d’une société qui, sourdement, se déshumanise et ce faisant, se désolidarise.

Plus isolés que jamais

Ce phénomène s’incruste depuis bien avant la pandémie. Avec l’isolement social et les crises multiples qu’elle a provoqués, il gagne toutefois du terrain.

Et que dire des téléphones dits intelligents et de leurs écouteurs dont nous sommes esclaves? Ils nous isolent toujours plus de notre environnement et des autres. Ce qui, inévitablement, nous rend plus insensibles.

Cela dit, l’école ne peut pas tout faire. Les enseignants du réseau public, ces missionnaires modernes de l’âme, en ont déjà plein les baskets.

Il est pourtant urgent de leur donner des moyens concrets d’agir. Si l’école n’enseigne pas le civisme, qui le fera?

Les jeunes caquistes seraient sages d’interpeller aussi leur gouvernement sur d’autres maux qui minent le système d’éducation. Primo, cesser d’ignorer l’éléphant dans la pièce.

De rentrée en rentrée, notre réseau scolaire à «trois vitesses» – public régulier, public à projets particuliers et privé subventionné –, nourrit les inégalités sociales au lieu de les amoindrir.

Élément central

Le système scolaire québécois est de loin le plus inégalitaire au Canada. Pour la fierté, on repassera.

Deuxio, la faim. Sans programme universel d’alimentation dans les écoles, une minorité croissante d’élèves est incapable d’étudier et de réussir à la hauteur de ses capacités. C’est un déni de leur droit à l’éducation.

Tertio, la vétusté de nombreuses écoles publiques.

Enfin, l’intégration des nouveaux arrivants. Des compressions budgétaires obligent maintenant des écoles à annuler des classes de francisation. On en perd son latin.

Alors, qu’on se comprenne bien. Instaurer une culture du civisme dans nos écoles est un projet essentiel. Ça crève les yeux.

Pour donner aux Québécois un système scolaire digne d’une société aussi riche que la nôtre, il faudrait toutefois une volonté politique de fer pour le rendre tout d’abord nettement plus équitable socialement.

Le retour à une culture du civisme devrait bien entendu en être un élément central. Nul doute là-dessus.

Josée Legault







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