Crise de l’université, crise de la société
Où a-t-il appris ce fatras de faussetés et de bêtises qui meuble son cerveau ? Où a-t-il appris non pas le nécessaire esprit critique, mais la détestation de toute sa société ? À l’université.
Imaginez un jeune de 20 ans qui vient chez vous effectuer des travaux de plomberie ou réparer votre chauffe-eau.
C’est son travail à temps plein.
Il n’était pas trop passionné par l’école. Il a arrêté après le secondaire ou à mi-cégep.
Les grands débats intellectuels, ce n’est pas trop sa tasse de thé.
Société
Il est, comme on dit, terre à terre, «groundé».
Il suivra bien quelques modes, croira peut-être à quelques amusantes conspirations, mais c’est fondamentalement quelqu’un qui est habité par le réalisme et le gros bon sens.
Il n’a ni le temps, ni la patience, ni le tempérament pour des élucubrations «flyées». Il a autre chose à faire.
Imaginons maintenant le typique étudiant du même âge dans un département universitaire où l’on enseigne ce que sont tristement devenues les «sciences sociales» passées au tamis du wokisme.
Ce jeune homme est convaincu que sa société est un scandale permanent.
Il pense qu’elle est rongée par le racisme, «systémique» évidemment, que son histoire se résume à de l’esclavage et à des génocides, et il en a honte, comme il a un peu honte de sa peau trop claire.
Pour lui, le capitalisme est une infamie, le sexe est arbitraire, la biologie relève de l’idéologie «hétéronormative», et le moindre propos qui le dérange est une «micro-agression».
Cet après-midi, il manifestera pour la Palestine aux côtés d’antisémites forcenés, reprenant leurs slogans sans en mesurer la portée, soucieux surtout de montrer sa «solidarité».
Ce soir, il manifestera devant le bureau du recteur pour exiger l’annulation de la conférence d’un intellectuel qui a écrit de gros bouquins qu’il n’a jamais lus, mais qui est, paraît-il, un salaud d’«extrême-droite».
Bien entendu, il est féministe, mais n’a rien à dire sur les viols collectifs du Hamas ou sur la persécution des femmes iraniennes qui veulent enlever leur voile.
Bien entendu, la loi 21 sur la laïcité est pour lui «raciste», «sexiste» et «islamophobe», mais il n’a rien à dire sur la persécution des Ouïghours musulmans par la Chine.
Bref, ce jeune hait sa société et, rongé par la culpabilité, ne s’aime guère lui-même, d’où son insécurité et son anxiété.
Où a-t-il appris ce fatras de faussetés et de bêtises qui meuble son cerveau? Où a-t-il appris non pas le nécessaire esprit critique, mais la détestation de toute sa société?
À l’université.
Privilégié
L’ironie suprême est que ce jeune, contrairement au jeune travailleur évoqué plus haut, aura toutes les chances de venir d’un milieu privilégié et aura tiré tous les avantages possibles de cette «horrible» société.
Il est né au troisième but de la vie et avec une cuiller en argent dans la bouche.
Le premier aurait bien des raisons de se plaindre, mais ne le fait pas.
Le second n’en a pas beaucoup, mais ne fait que ça.
Lequel est le plus déconnecté?
Je trouve ce paradoxe tragique.
Joseph Facal
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