mardi 7 avril 2020

Si ça pouvait fermer la gueule de tous ces critiqueux ignares qui pavanent sur les réseaux sociaux et dans les médias.....

Excellent texte de Roméo Bouchard.....
A propos des entorses à la démocratie et aux droits individuels...
Plusieurs s'inquiètent ces jours-ci de l'accumulation des restrictions aux libertés individuelles et des consignes contraignantes maintenant appuyée par la dénonciation et l'intervention de la police. On s'inquiète surtout du large consentement de la population à ces mesures et de la confiance aveugle que celle-ci semble accorder aux dirigeants, sans doute sous la pression de la peur. D'autres, encouragés par les médias en quête de révélations sensationnelles, soupçonnent ces mêmes dirigeants de profiter de la situation 
en cachant sciemment des informations utiles, sous prétexte de ne pas semer la panique. Certains parlent même d'une crise créée de toutes pièces par l'empire secret pour mieux asseoir le pouvoir des banques et des grandes multinationales.
À les croire, notre démocratie -à laquelle ils se mettent à croire subitement- serait en danger, ainsi que la liberté de critiquer, voire même notre sécurité. Et on ajoute que les crises sont généralement suivies d'un regain de répression des libertés et qu'il ne faut pas baisser la garde
Ces inquiétudes me paraissent bien ambiguës. Bien sûr, il faut rester vigilants et le temps des bilans viendra. Mais il ne faut pas pour autant prendre le peuple pour des abrutis. La crise sanitaire que nous vivons n'a rien de comparable avec la contestation et la répression que nous avons vécu lors des crises d'Octobre 70 ou du Printemps érable. Les gens font très bien la différence et comprennent très bien que, dans le cas présent, la solidarité et l'obéissance aux consignes, si imparfaites soient-elles, sont indispensables pour limiter les dégâts.
J'ai plutôt l'impression que ces scrupules démocratiques insistants sont souvent l'effet d'une sorte d'hypocrisie sociale. Ce souci subit des valeurs démocratiques recouvre chez certains, notamment du côté d'une certaine gauche intellectuelle frustrée du succès du gouvernement Legault, des intérêts politiques plus ou moins partisans. Chez d'autres, qui se font une profession de démasquer partout des complots et des manipulations honteuses, c'est une occasion de démontrer qu'ils lavent plus blanc que tout le monde et ne se laissent pas berner comme la foule d'abrutis. D'autres enfin ne supportent tout simplement pas les sacrifices que leur impose le confinement et utilisent toutes les raisons du bord pour discréditer le gouvernement.
Quoi qu'il en soit, je soupçonne tous ces beaux esprits de ne pas se préoccuper tant que ça de notre démocratie...si ce n'est pour protéger leurs intérêts personnels. En réalité, nous savons et acceptons tous, plus ou moins ouvertement, que nous sommes quotidiennement espionnés, manipulés et « contraventionnés »... « pour notre plus grand bien », en ce sens que nous apprécions en fin de compte le confort et la sécurité que ça nous garantit. N'est-ce pas ce qu'on a appelé « la servitude volontaire » (La Boétie) ou le « consentement fabriqué » (Chomsky), et que nous continuons bêtement à nommer démocratie. C'est en quelque sorte le contrat social moderne et la forme moderne que prend la pression sociale. Bien sûr les multinationales vont en profiter pour pousser un peu plus loin leur invasion sournoise, mais c'est dans la logique même du système néo-libéral qui nous nourrit et que nous tolérons assez bien merci. Le tout au virtuel.
Le vrai enjeu démocratique, s'il en est un, me semble être plutôt notre volonté de réformer ce capitalisme néo-libéral: j'en ai parlé récemment dans une analyse des récents ouvrages de Piketty, Spiglitz et Ziegler, des auteurs « dépassés » bien sûr aux yeux de nos beaux esprits.
Conclusion
Avant de crier au loup, il faudrait peut-être réaliser que le loup est déjà dans la bergerie et que c'est nous qui lui ouvrons chaque jour la porte. Si la démocratie et le Bien commun logent quelque part en ce moment, c'est selon moi, en substance, du côté de l'équipe du 13h, toutes choses étant bien sûr relatives. Et affirmer ceci ne veut absolument pas dire qu'on voit en Legault un sauveur universel. C'est juste un premier ministre qui fait en ce moment son travail modestement mais proprement, et mérite qu'on le reconnaisse. Un leadership intelligent et responsable n'est pas une dictature.

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