Fitzgibbon se joint à une organisation qui a fait du lobbyisme pour la filière batterie.
Si l’on se fie à deux notices sur Carrefour Lobby Québec, Osler s’est inscrit comme lobbyiste en mars 2022 pour faire des représentations auprès du gouvernement québécois au sujet du «financement [subventions, prêts ou autres] pour soutenir la construction d’une nouvelle installation de matériaux actifs cathodiques à Bécancour».
Un peu plus d’un an plus tard, François Legault et Pierre Fitzgibbon se trouvaient à Bécancour pour annoncer un financement de 152 millions $ à General Motors et POSCO, par l’entremise d’Investissement Québec.
Rappelons que ce financement est un prêt dont une portion de 134 millions $ est pardonnable si les emplois créés sont maintenus pendant 10 ans. Autrement dit, GM et POSCO n’auront pas à rembourser près de 90% du financement de Québec à condition de respecter cette exigence.
Pendant son mandat, qui s’est terminé en décembre 2023, Osler a fait du lobbyisme auprès du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, du ministère de l’Environnement, d’Investissement Québec et de la Ville de Bécancour.
Le président émérite d’Osler sur le CA d’Investissement Québec
Qui plus est, le président émérite d’Osler, Shahir Guindi, a été nommé au conseil d’administration d’Investissement Québec en février 2024, plusieurs mois avant la démission de Pierre Fitzgibbon.
Dans un message publié sur le réseau social LinkedIn, mardi, M. Guindi s’est dit «ravi» de l’embauche de l’ancien ministre au sein du cabinet d’avocats.
«Disposer d’une personne aussi expérimentée au service de nos clients et des membres du cabinet est une véritable victoire et constitue une valeur ajoutée inestimable», a-t-il écrit.
Dans le communiqué de presse annonçant ses nouvelles responsabilités, M. Fitzgibbon a quant à lui exprimé que rejoindre Osler lui «donne une plateforme exceptionnelle pour continuer de faire progresser notre économie en soutenant les entrepreneurs et entreprises qui façonnent l’avenir du Québec et du Canada».
Des règles à respecter
Après sa démission en septembre dernier, Pierre Fitzgibbon a eu une rencontre avec la commissaire à l’éthique Ariane Mignolet, au terme de laquelle il a assuré qu’il «entendait respecter les règles».
Ces règles prévoient, entre autres choses, qu’un ancien ministre «doit se comporter de façon à ne pas tirer d’avantages indus» de ses fonctions antérieures.
Plus précisément, un ancien ministre ne peut pas, pendant les deux années suivant son départ, intervenir pour autrui ou faire du lobbyisme auprès de toute entité de l’État avec laquelle il a eu des «rapports officiels, directs et importants» ni agir comme lobbyiste-conseil pour des clients auprès de toute institution parlementaire, gouvernementale ou municipale.
Osler et Fitzgibbon se disent «pleinement conscients»
Le cabinet Osler a refusé notre demande d’entrevue, mais a tout de même tenu à assurer que l’organisation et M. Fitzgibbon sont «pleinement conscients de l’ensemble des règles applicables».
«Nous nous engageons à nous y conformer rigoureusement», a indiqué la directrice du développement de la clientèle et des affaires, Cindy Dormoy, dans une déclaration écrite au Journal.
«Comme d’autres leaders d’affaires et anciens politiciens ayant rejoint des cabinets d’avocats, nous agissons toujours avec les plus hautes attentes en matière de respect des lois et des meilleures pratiques, notamment en ce qui concerne la gestion des conflits d’intérêts», a-t-elle ajouté.
G.C.