samedi 20 juillet 2024

Souvent, on fabrique nous-même notre ennemi ....

 

Dépression démocrate, renaissance républicaine

«On peut aimer ou pas ce nouveau Parti républicain, être d’accord ou pas, mais les démocrates n’ont qu’eux-mêmes à blâmer pour leurs déboires»


«We’re done, Ladies and Gentlemen, catering to Wall Street. We’ll commit to the working man».

«Nous ne servirons plus Wall Street, mesdames et messieurs. Nous serons du côté du travailleur ordinaire» (ma traduction).

Où la phrase fut-elle prononcée? À la Convention nationale du Parti républicain.

Qui disait cela mercredi soir?

Le colistier de Trump, J.D. Vance, moins de 40 ans, élevé par ses grands-parents dans une pauvreté relative, devenu avocat, aujourd’hui marié à une jeune femme d’origine indienne.

Transformation

Certes, c’était une phrase tirée d’un discours très calculé.

Mais ce n’est pas ce qu’on entendait dans ce parti pendant les années Reagan ou Bush.

Un nouveau Parti républicain est en train de prendre forme sous nos yeux et, si on a deux sous de rigueur, il est ridicule de qualifier cela «d’extrême droite» ou de «fascisme».

«Populisme»? Si l’on veut, mais il faudrait définir ce qu’on entend par là.

Trump lui-même est l’un des personnages les moins idéologiques vus depuis longtemps en politique américaine.

Il a adhéré successivement à toutes les positions.

Chaque décision de Trump se tranche sur la base d’une seule question ou presque: est-ce bon pour moi?

Inutile de chercher chez cet opportuniste un système idéologique très élaboré.

Mais le parti républicain, lui, avec la bénédiction de Trump, change profondément. En quoi?

Un parti traditionnellement libre-échangiste devient protectionniste.

Un parti traditionnellement pro-immigration est désormais plus méfiant.

En politique étrangère, il renoue avec la prudence d’un Robert Taft et ne veut plus intervenir aux quatre coins du monde.

Le chef d’un des plus importants syndicats américains, les Teamsters, fut invité à prendre la parole.

Les plus fervents ennemis du droit à l’avortement ont été marginalisés.

Trump a compris, comme Stephen Harper autrefois ou Pierre Poilievre aujourd’hui, que moins il en parle, mieux il se porte.

Il y a là un mélange de calcul et d’évolution démographique et culturelle.

D’une part, on sait que les États clés sont ceux du Midwest. Le camionneur du Michigan est plus courtisé que le retraité de la Floride, déjà acquis.

D’autre part, le parti se renouvelle et courtise ouvertement les minorités noires et latinos.

Déboires

En un mot comme en cent, les républicains chassent maintenant sur les terres démocrates, visent les clientèles traditionnelles du parti adverse.

Pourquoi? Parce qu’elles sont disponibles.

Pourquoi sont-elles disponibles? Parce qu’elles ne se reconnaissent plus dans le Parti démocrate, et cela va bien au-delà de l’âge de Biden.

Pourquoi ne se reconnaissent-elles plus dans le Parti démocrate?

Parce que celui-ci s’est éloigné d’eux.

Il est devenu le parti d’élites urbaines, éduquées, souvent condescendantes, peu patriotiques, très sensibles à toutes ces causes habituellement rangées sous le parapluie du wokisme, comme le militantisme fondé sur la race ou le genre.

On peut aimer ou pas ce nouveau Parti républicain, être d’accord ou pas, mais les démocrates n’ont qu’eux-mêmes à blâmer pour leurs déboires.



Aucun commentaire:

Publier un commentaire