Mon amie Sophie Durocher, chroniqueuse TV, radio et presse écrite, bien connue au Québec, diplômée de l'université Columbia de New York, fait l'objet d'une grave attaque à caractère sexuel entre autres via une vidéo à la suite de sa chronique publiée dans le Journal de Montréal intitulée: Y’a des mots... qui vont trop loin.
Dans ce papier, Sophie revenait sur les propos d'un humoriste, "Adib Alkhalidey, qui affirmait qu’au Québec, les minorités ne sont « nulle part » à la télé québécoise. Une grossière exagération, écrivait-elle." Elle a également fait une interview avec la directrice d'Amnistie internationale section francophone qui reprenait l'idée que le Québec discrimine largement les minorités visibles dans une campagne publicitaire de son organisme. "Ces généralisations, ces exagérations, ces accusations... ça n’aide pas au vivre-ensemble. Vous n’êtes pas tanné de vous faire dire que « tout le monde » est raciste au Québec ? ", écrivait encore la chroniqueuse.
En réalité, pour comprendre la portée de ces échanges, il faut les replacer dans leur contexte. Depuis quelques années, le débat sur le racisme systémique fait rage au Québec. En ce moment certainement un peu plus que d'habitude. Ce débat coïncide avec celui sur la laïcité de l'Etat, loi contestée devant les tribunaux par Amnistie et le tutti quanti multiculturaliste qui carbure au racisme systémique. Vous me suivez, toujours ? Je résume. Deux thèses circulent dans les rangs des partisans du multiculturalisme: 1) Le Québec est un État raciste (racisme systémique), 2) La laïcité génère le racisme systémique. Conclusion. Le gouvernement du Québec devrait valider la thèse sur le racisme systémique, abandonner sa loi sur la laïcité de l'Etat et adopter la doxa canadienne multiculturaliste. Bon. Sauf que le gouvernement fait exactement le contraire. D'abord, c'est lui qui a fait aboutir, en juin 2019, la loi sur la laïcité de l'Etat. Puis, le premier ministre Legault ne veut rien savoir de ce concept de racisme systémique. C'est niet!
L'un de ses ministres est même allé le dire à une émission TV de grande écoute. Durocher raconte : « Quand le ministre de la Santé, Lionel Carmant, est allé à Tout le monde en parle le 8 novembre, il a refusé de reconnaître le concept de racisme « systémique » sans toutefois nier la présence de racisme. »
Sauf que Lionel Carmant est noir et d'origine haïtienne. Mais à l'évidence, il n’est pas du bon bord. Il est POUR la laïcité de l'Etat et ne valide pas la thèse de racisme systémique. Quel outrage à la doxa multiculturaliste ! Vous vous rendez compte « un noir » qui défend la laïcité de l’Etat ?
Noir ? Pas tout à fait. C'est un « noir de service », a lancé l'humoriste d’origine haïtienne, Renzel Dashington à l’origine de la vidéo contre Sophie Durocher qui s'est demandé : « Parce que Monsieur Carmant pense différemment de lui, Dashington se croit autorisé à l’insulter ? »
Où est le problème? Il y a un noir pour et un noir contre la laïcité de l'Etat et le racisme systémique. Cette pensée racialiste nous réduit, malheureusement, à une simple carnation. Cette école ne supporte pas la diversité des opinions et la pluralité des postures philosophiques. C'est comme chez Ikea, il y a des kits pour tous, noirs, blancs, jaunes, rouges et que sais-je. Un noir doit obligatoirement être contre la laïcité de l'État... parce que noir...C'est presque dans ses gènes. C'est aussi simple (et surtout très bête) que ça.
Toute personne qui dévie de ce postulat racialiste devient une cible.
L’insulte ? C’est la bouillie dans laquelle nage Renzel Dashington pour discréditer Sophie Durocher, lui faire mal, la faire taire. Compte tenu de ses capacités intellectuelles très limitées, il ne reste à l’humoriste que la vulgarité et la grossièreté.
J'ai deux questions.
Est-ce que le fait d’être noir autorise-t-il une personne à s’affranchir des règles de la bienséance pour participer au débat public ?
Autrement dit, lorsqu’on est noir a-t-on le droit d’insulter le monde impunément? Que cherche-t-on à faire, à établir un "privilège noir" pour cracher sur des gens, ne pas respecter leur dignité humaine ?
Est-ce que le fait d’être noir autorise-t-il une personne à être misogyne, sexiste ? Autrement dit, lorsqu’on est noir a-t-on le droit d’être un salop et d'en tirer sa gloire?
Il y a dans cette affaire Durocher, deux problèmes qui touchent au fondement même de notre société démocratique. L’attaque sexiste et misogyne dont elle fait l’objet est indéniablement une violence à l'endroit de toutes les femmes qui devraient réagir vigoureusement. Levez-vous ! Parlez ! Indignez vous ! Ne laissez pas de telles ignominies à l'endroit des femmes polluer notre espace ? L'autre aspect est directement lié à l'expression de ses idées. Qu’une chroniqueuse soit ciblée de cette façon pour ses opinions est une grave atteinte à la liberté d’expression, à la liberté de la presse et au droit à l’information. Cette situation devrait faire réagir l’ensemble de la corporation des journalistes. Défendez le droit de Sophie Durocher à exercer son métier dans la sécurité et le respect!
A l'alternative de ces militants racialistes qui font tout pour défaire, fragmenter, fracturer notre société québécoise qui aspire à l'égalité et à l'émancipation, défendons la perspective d'une humanité commune à toutes et tous. “Ce qui fait qu’il doit y avoir égalité, c’est simplement parce que tous ces gens-là sont des êtres humains. Donc la base c’est l’humanité”, explique l'écrivaine et comédienne Tania de Montaigne.
Conseil de lecture: les Noirs n'existent pas de Tania de Montaigne.
Tiens bon Sophie ! Tellement inspirante tu es.
Djemila Benhabib.
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