TORTURE D’UN PRISONNIER IROQUOIS « Si tost que celuy (prisonnier) qui fût conduit aux Trois Rivières eut mis pied à terre, les femmes et les enfans se jettent dessus ; c’est à qui luy assenera le mieux son coup ; cependant le prisonnier chante, passe chemin sans se retourner pour voir qui le frappe. Un miserable boitteux le voyant tout nud prend une grosse corde en double et la décharge sur ce pauvre corps, sur le dos et sur le ventre, et sur l’estomach, en sorte qu’il chancela et pensa tomber, sa chair en resta toute livide et toute morte ; d’autres luy mirent du feu dans la bouche, d’autres approchoient des tisons en divers endroits, pour le faire rostir, puis luy donnoit un peu de relâche, le faisant chanter et danser. Une femme le vint mordre par un doigt, taschant de l’arracher, comme feroit un chien ; en fin n’en pouvant venir à bout , elle prend un cousteau, et le coupe, puis luy met dans la bouche pour luy faire avaler, il tasche de le faire , mais il ne pût. L’ayant rendu à cette Tygresse, elle le fait rostir pour le donner à manger à des enfans, qui le sucçoient déja. (...) Deux jeunes hommes prirent une autre fois ce pauvre miserable par les deux bras, et à belles dents comme des Loups enragez, mordoient dedans, le secouant comme un dogue furieux secouë une charogne pour en apporter la piece ». Paul LE JEUNE, Relations des Jésuites, 1635.
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